Il ne faut pas marcher entre les lignes. On risquerait sinon de tomber. Un album aux allures géométriques signé Christine Beigel et Alain Korkos sur l’équilibre, sur le fait d’être soi, de garder ce qui est important, de quitter ce qui ne l’est pas. Tout commence ici par un jeu bien connu du monde de l’enfance : sauter sur la bordure du trottoir, suivre une ligne sans jamais la quitter, pour ne pas atterrir dans ce trou noir, où l’on pourrait bien croiser un monstre. Commence alors pour cette petite fille, à la silhouette teintée d’ombre, un parcours lumineux et poétique. On la suivra dans ses jeux, dans ses peurs. On croisera des angles raides comme des montagnes, des boucles et des ronds, des reflets au-dessus de l’eau. On suivra les lignes des cahiers, celles de la main ou les sillons de l’arbreà pour, au final, s’apercevoir qu’il n’y a rien dans les vides et qu’il est beaucoup plus important de revenir au jeu. Christine Beigel nous offre un texte poétique d’une belle intensité. Sur double page, Alain Korkos s’est amusé à mettre en scène des frontières imaginaires. Des traits de couleurs brisent des fonds noir et bleu foncé, les mots suivent les boucles et les droites. Entre couleurs et cubes, entre noir et carrés, nous avons ici à faire à un petit théâtre d’ombres où l’imagination et l’invention se répondent. Un bel album à découvrir et à partager. (Ricochet)