31 Roman (s) vécu (s)

Dans les semaines qui ont suivi la mort de sa fille Camille, 16 ans, Sophie Daull a commencé à écrire. L’après, le vide, l’organisation des adieuxà Écrire pour rester debout, pour vivre quelques heures chaque jour en compagnie de l’enfant disparue. Loin d’être l’épanchement d’une mère endeuillée ou un mausolée û puisque l’humour n’y perd pas ses droits û, ce texte est le roman d’une résistance à l’insupportable

J’ai rencontré Reda un soir de Noël. Il m’a abordé dans la rue et j’ai fini par lui proposer de monter dans mon studio. Ensuite, il m’a raconté l’histoire de son enfance et celle de l’arrivée en France de son père, qui avait fui l’Algérie. Vers six heures du matin, il a sorti un revolver . Il m’a insulté, étranglé, violé. En revenant sur mon enfance, mais aussi sur la vie de Reda et celle de son père, en réfléchissant à l’émigration, au racisme, à la misère, au désir ou aux effets du traumatisme, je voudrais à mon tour comprendre ce qui s’est passé cette nuit-là. Et par là, esquisser une histoire de la violence.